Depuis 2020, le Centre Français de Sociocratie (CFS) est entré dans une nouvelle phase de son développement :
Nous bâtissons une communauté de professionnels autour d’un dispositif collectif d’agrément. Thomas Marshall, responsable du Cercle Agrément, vous le présente.
Les outils issus de la sociocratie tels que la prise de décision par consentement et la gouvernance via des cercles sont de plus en plus connus… Cela reflète des attentes grandissantes de disposer d’alternatives efficaces aux formes d’organisation classiques, tant dans les associations que dans les entreprises ou les administrations. De nombreuses personnes, enthousiastes, se lancent dans la facilitation ou l’accompagnement avec ces outils.
Mais elles ne comprennent pas forcément la cohérence de la méthode dont ils font partie ; et elles n’ont pas toujours conscience de la profondeur de la transformation à opérer. Cela est source de bien des déconvenues.
En délivrant des agréments à des professionnels, le Centre Français de Sociocratie souhaite :
– donner au public de la clarté sur la qualité des services offerts ;
– permettre aux professionnels de mesurer leur périmètre de compétences et d’appartenir à une communauté d’apprentissage continu.
Nous développons des agréments dans 4 champs d’expertise professionnelle relatifs à l’utilisation de la méthode sociocratique de gouvernance.
Notes :
Fin 2021, nous disposons d’un référentiel complet pour les agréments « dirigeant » et « formateur », et nous pourrons bientôt finaliser celui de l’agrément «facilitateur».
Les agréments sont délivrés pour 5 ans et peuvent faire l’objet d’un renouvellement à l’issue de cette période.
Le Centre Français de Sociocratie a créé en son sein un Cercle Agrément.
Sa mission :
Concevoir et mettre en oeuvre un dispositif d’agrément permettant une reconnaissance par les pairs et un apprentissage continu des professionnels utilisateurs de la méthode sociocratique de gouvernance
Comment ?
Nous nous appliquons à nous-mêmes la méthode sociocratique, en co-construisant ce dispositif pas à pas et en le mettant en pratique ensemble. Il s’agit donc d’une démarche transparente et évolutive, visant la co-responsabilité et la garantie collective de la qualité et de la pertinence de ce processus d’agrément.
Quel est le processus ?
- A l’issue d’un parcours de préparation d’une durée variable, et comprenant plusieurs modalités de travail (personnel, en binôme, en groupe), la personne candidate rédige un rapport de demande d’agrément, en lien avec l’un des 4 champs d’expertise.
- Ce rapport est examiné dans le cadre d’un groupe d’évaluation ad hoc, utilisant le processus sociocratique nommé « revue de performance ».
- La version finale du rapport est présentée au Cercle Agrément, qui décide par consentement de l’attribution de l’agrément demandé.
Le Cercle Agrément est actuellement composé de 10 membres, issus de la promotion 2020 ou 2021. Ils sont présentés avec leurs rôles dans le cercle.
Pierre Tavernier est agréé et actif en tant que formateur et consultant en sociocratie depuis 2011.
Pierre a le rôle de superviseur du dispositif d’agrément. Il veille sur la fiabilité et la précision des références faites à la méthode sociocratique, telle qu’elle a été conçue par Gerard Endenburg. Il prépare également un agrément en tant que dirigeant.
La préparation d’un agrément n’est pas une formation basée sur un programme. C’est une démarche auto-dirigée de développement professionnel. Vous fixez vous-mêmes vos objectifs, vos stratégies, et le rythme de votre progression. Vous êtes donc le responsable exécutif de votre propre projet d’agrément, et vous le mettez librement en œuvre en lien avec vos pairs, dans le respect du cadre et des processus fixés par le Cercle Agrément.
Le parcours est structuré en 4 étapes :
- La formalisation d’un projet d’apprentissage et plan d’action, présenté à vos pairs
- La constitution de 2 binômes de supervision, permettant le développement de relations de soutien mutuel avec d’autres membres, dans les 2 positions (donner et recevoir)
- La prise de responsabilités et la mise en oeuvre d’expérimentations, d’actions d’apprentissage, de productions – dans le cadre du Cercle Agrément ou plus largement du CFS, et à l’extérieur (activités pro, bénévoles…).
- La rédaction d’un rapport écrit et la mise en place d’un groupe d’évaluation (revue de performance).
Le rapport rend compte des expériences et compétences de la personne candidate et de ce qu’elle a accompli dans le cadre des 5 modalités de préparation suivantes :
- Pratique de la méthode sociocratique avec recueil de retours (feedback)
- Supervision (dans les 2 binômes) et intervision (approfondissement en petit groupe)
- Contributions à la réalisation de la mission du Centre Français de Sociocratie
- Participation à la vie du Cercle Agrément (en tant que communauté de pairs)
- Évaluation entre pairs (donner du feedback à ses collègues)
Étant actuellement dans une phase de développement du dispositif, la participation au parcours d’agrément n’est pas un service payant du Centre Français de Sociocratie.
Elle suppose une disponibilité suffisante pour s’engager de façon suivie dans le travail personnel de préparation, la supervision, ainsi que dans le travail collectif au sein d’au moins un cercle de l’association. C’est donc un choix à faire d’y investir de votre temps.
Les conditions sont de répondre aux 4 critères suivants :
- Être adhérent du CFS en tant que membre professionnel
- Avoir suivi les formations de base à la sociocratie (introduction + approfondissement, soit 6 jours), agréées par le CFS ou équivalentes
- Expérimenter et mettre en pratique la méthode sociocratique de gouvernance dans sa vie personnelle et/ou professionnelle
- Formaliser sa candidature par écrit et être admis par le Cercle Agrément
L’agrément du CFS dans le paysage de la sociocratie
La création de ce dispositif d’agrément par le Centre Français de Sociocratie est le résultat d’une longue maturation. Elle ouvre aussi de nouvelles perspectives pour inscrire notre association dans le paysage international de la sociocratie.
Un peu d’histoire
La création de l’association CFS en 2010 est une initiative concertée avec le Centre Mondial de Sociocratie, basé à Rotterdam aux Pays-Bas. Elle fait suite aux premières formations données en France, dans le parcours du cabinet québécois Sociogest intitulé « École Internationale des Chefs », (d’un total de 24 jours).
En 2011, les fondateurs du CFS organisent une série de revues de performance à Lyon afin d’obtenir des agréments internationaux. Gerard Endenburg , inventeur de la Méthode Sociocratique de Gouvernance, et Annewiek Reijmer qui dirigeait alors le Centre Néerlandais et le Centre mondial de Sociocratie, font le déplacement pour l’occasion, et donnent également une conférence.
Par la suite, nous nous sommes retrouvés en conflit avec le Centre Mondial de Sociocratie, et en particulier avec notre ancien formateur Gilles Charest. Ils considéraient en effet que la seule stratégie viable pour développer la sociocratie dans le monde était de faire du Centre Mondial une entreprise commerciale internationale offrant des services de formation et conseil, par le biais de franchises. C’est la naissance de The Sociocracy Group. Nous étions en total désaccord avec ce projet, sur le fond, et nos objections n’ont pas été prises en compte. Le CFS a alors repris son indépendance. Nous nous sommes également retirés de leur système d’agrément, qui nous imposait une subordination à la société commerciale dirigée par Gilles Charest.
Une nouvelle aventure collective
Suite à l’arrivée de nouveaux membres au CFS lors des années suivantes, le besoin de construire notre propre dispositif de reconnaissance pour les professionnels français utilisant la sociocratie émerge. Au départ, un groupe de réflexion mené par Anne-Gaël Erard élabore un cahier des charges. Ce document est présenté en mai 2019 à un groupe de personnes intéressées.
Puis le cercle de direction du CFS définit le développement de ce dispositif comme la priorité n°1 pour 2020. Un cercle se constitue avec 7 membres. Il travaille de façon suivie, avec 14 réunions de 2h sur l’année, en visioconférence.
Le cercle :
- se construit en élisant des personnes sur les rôles nécessaires à son fonctionnement ou en établissant des intentions claires et partagées ;
- construit le dispositif d’agrément en clarifiant pas à pas des références communes ;
- permet à ses membres de s’engager dans leur propre préparation à un agrément et de se soutenir mutuellement.
Cette démarche expérimentale, à la fois créative et structurée, se nourrit des tensions entre ces 3 axes de développement. Elle a aussi pour effet de développer des liens plus forts entre ses membres et est une réelle source de dynamique pour l’ensemble de l’association.
En 2021, le dispositif mûrit encore avec l’intégration d’une seconde « promotion » de 4 membres. Au fil de 10 réunions, nous intégrons ces nouveaux membres et nous nous mobilisons pour produire les dernières pièces du puzzle, ouvrant la voie à la délivrance des premiers agréments en 2022.
Retrouver une connexion internationale
Nous ne sommes pas les seuls à avoir été déçus des orientations prises par The Sociocracy Group – tout en restant convaincus de la pertinence de la méthode qui a été développée et publiée par Gerard Endenburg, sur la base d’une démarche scientifique.
Ainsi, plusieurs organisations participant à la diffusion de la sociocratie dans différents pays du monde se sont fédérées dans l’International Sociocracy Certification Board (que l’on peut traduire par “Comité international de certification en sociocratie”). A terme, le CFS pourra s’y joindre en faisant reconnaître la qualité de son dispositif d’agrément.
A la fin 2021, le CFS a également conclu un accord de partenariat avec Sociocracy For All (SoFA), une organisation internationale basée aux USA qui a pour mission de « Rendre les ressources d’apprentissage et de mise en œuvre de la sociocratie accessibles à tous ». A travers notre implication dans SoFra (cercle de SoFA dédié à la francophonie), nous voulons à la fois bénéficier de la stimulation et de l’inspiration d’un mouvement sociocratique international, et continuer à nous développer de façon autonome, en tant qu’association de praticiens ancrée dans la société française.